mardi 27 août 2013

Retraites: l’ouverture faite au Medef

Entamant hier ses ultimes échanges avec les syndicats et le patronat, le premier ministre a maintenu le flou sur la question du financement, mais a ravi le Medef en lui faisant miroiter une baisse massive du « coût du travail ».
Hier, c’était la répétition générale de la rentrée sociale dans la cour de l’hôtel Matignon. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, recevait les syndicats de salariés et d’employeurs avant de faire connaître, début septembre, ses arbitrages définitifs concernant la future réforme des retraites. Si, officiellement, « rien n’est à ce jour tranché », cette première journée d’entretiens a laissé entrevoir la tentation du gouvernement de céder davantage aux pressions patronales qu’aux demandes syndicales.
Première à être reçue, la CFDT a jugé la séance de travail « positive ». « Le premier ministre a tenu à nous faire connaître qu’il n’y aurait pas de modifications des règles fondamentales de notre système de retraite d’ici à 2020. Ni baisse ni gel des pensions prévu d’ici là », s’est satisfait Laurent Berger, secrétaire général du syndicat.
Sur la pénibilité, le premier ministre a « confirmé la mise en place » d’un compte individuel, permettant aux salariés exerçant des métiers pénibles de partir plus tôt à la retraite ou de se reconvertir, selon Laurent Berger. Mais reste à fixer le nombre d’années d’exposition requis pour avoir droit à un départ anticipé. Pas de précision de Matignon sur l’allongement de la durée de cotisation, qui semble toujours envisagé (lire ci-contre). Toutefois, « les années d’apprentissage et d’alternance pourraient être à l’avenir prises en compte dans la durée de cotisation », d’après la CFDT, qui ne revendique pas la prise en compte des années d’études. À la différence de la CGT pour qui ce dernier point « est une question majeure car les jeunes rentrent aujourd’hui tard sur le marché du travail avec une retraite incomplète et tardive ». Mesure aussi urgente que « la question de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes », qui permettrait à la fois, souligne-t-on à la CGT, de relever le niveau des pensions des femmes, très inférieur aujourd’hui à celui des hommes, et d’apporter des recettes supplémentaires aux régimes de retraite.
La main tendue du Premier ministre
Au chapitre crucial du financement, hausse de la CSG ou des cotisations, « les arbitrages ne sont pas faits », rapporte Laurent Berger. La CFDT indiquant toutefois « être d’accord avec l’alignement possible de la CSG des retraités sur celui des actifs, à condition que cela finance la perte d’autonomie ». La CGT s’oppose, elle, fermement à « tout transfert des cotisations vers l’impôt ». « L’alignement de la CSG qui nous est proposé reviendrait à restreindre le pouvoir d’achat disponible pour les travailleurs, mesure qui serait préjudiciable pour la croissance », a tenu à rappeler Thierry Lepaon.
Mais, dans l’après-midi, le président du Medef, reçu à son tour, affirmait avoir obtenu une « ouverture intéressante » du gouvernement sur la question du coût du travail. « Le premier ministre nous a tendu la main sur une réflexion concernant la protection sociale et le coût du travail », indiquait Pierre Gattaz. Jean-Marc Ayrault aurait fait miroiter au représentant du patronat la satisfaction, lors du prochain budget de la Sécu, d’une de ses revendications phares : le transfert d’une partie des cotisations sociales patronales, en particulier concernant les allocations familiales, sur la TVA ou la CSG. Évoquant les 5,4 % de cotisations patronales liées à la famille, Pierre Gattaz envisage de « réfléchir avec le gouvernement comment transférer ces 34 milliards, les enlever, de telle façon à redonner de l’air aux entreprises et financer par d’autres moyens ces allocations familiales ». Moyennant quoi, le Medef pourrait accepter une augmentation minime des cotisations retraite. Et le Monsieur retraites du Medef, Jean-François Pilliard, d’exulter : « C’est le premier ministre qui a d’emblée, dans la discussion, évoqué la possibilité d’ouvrir ce débat. » Manière de confirmer ce qu’Éric Aubin, de la CGT, faisait observer : « Les syndicats d’employeurs exercent une pression incroyable, multipliant les sorties provocantes pour tenter de peser dans le rapport de forces du moment. » Et de souligner du coup l’importance de la mobilisation organisée le 10 septembre par la CGT, FO, la FSU et Solidaires. Un moyen, appuyait hier Thierry Lepaon, de mettre dans le débat d’autres solutions, aujourd’hui évacuées par le gouvernement, telles que « la mise à contribution des revenus financiers ».
Manifestations dans l'Isère le 10 septembre 2013:
- Bourgoin : 10h, cinéma Mégaroyal
- Grenoble : 10h, place de Verdun
- La Tour du Pin : 14h, rassemblement devant la s/préfecture
- Roussillon : 10h, place de la République
- Vienne : 15h, rassemblement devant la s/préfecture

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