Manifestation contre la réforme des retraites à Grenoble le 10-10-2010 |
Après deux jours de discussion avec les
syndicats et les organisations d’employeurs, le Premier ministre a
dévoilé une partie de son projet pour les retraites.
Celui-là même qui, à la tribune de l’Assemblée nationale déclarait le 14 septembre 2010 que : « la retraite à 60 ans c’est le bouclier fiscal des ouvriers. Il faudra reprendre cette réforme en 2012 »,
vient une fois de plus de se déjuger. Non seulement il entérine toutes
les contre-réformes régressives des gouvernements de droite, mais il les
prolonge et les amplifie.
Ces propositions sont présentées comme
un moindre mal, comparé à ce qui était distillé par des fuites
organisées vers les médias, durant une bonne partie de l’été. En vérité,
elles vont amputer encore le pouvoir d’achat des actifs et des
retraités qui vont subir une augmentation de leurs cotisations, alors
que les entreprises auront en échange une exonération de leur
participation à la branche famille de la protection sociale, soit un
nouveau cadeau de 35 milliards d’euros. Qui paiera alors ?
Vraisemblablement ceux qui n’ont que leur travail ou leur retraite pour
vivre, sous forme de hausse de TVA ou d’une augmentation de la
contribution sociale généralisée à venir.
C’est tout le sens de l’annonce du Premier ministre, affirmant que son gouvernement engagera une réforme « pour que le financement de la protection sociale pèse moins sur le coût du travail ».
Par contre, il ne dit jamais rien du coût… du capital, constitué
d’intérêts financiers versés aux banques et aux financiers et des
dividendes versés aux actionnaires avides d’argent. Celui-ci représente
plus de 300 milliards d’euros. Voilà bien la question : pourquoi les
travailleurs et les retraités sont-ils toujours ponctionnés, alors que
les revenus financiers du capital ne contribuent en rien à la solidarité
sociale ?
Mais voici que ce gouvernement procède à
une vilaine manipulation contre les retraités les plus modestes, qui
seront bien touchés par cette contre-réforme, ainsi que les
bénéficiaires du minimum vieillesse.
D’ une part, une partie d’entre eux
paieront des impôts sur ce que l’on appelle les bonus de pension pour
les parents de trois enfants et plus. Cela représente une ponction de
1,3 milliard d’euros. D’ autre part avec la mesure qui consiste à
reculer à nouveau la date de revalorisation des pensions. M. Fillon
l’avait reculé du 1er janvier au 1er avril et M. Ayrault la repousse encore de six mois, soit au 1er
octobre. Les retraités vont donc subir six mois supplémentaires sans
bénéficier de la revalorisation qu’ils auraient eue sans la réforme. Un
couple de retraités touchant seulement 1200 euros par mois perdra ainsi
144 euros. Ceci se reproduira chaque année. Celles et ceux qui n’ont que
le minimum vieillesse, soit seulement 800 euros mensuels, qui n’ont pas
été revalorisés cette année au-delà de l’inflation, subiront aussi une
perte. C’est inadmissible !
Il faut en finir avec cette fuite en
avant incessante dans la dégradation des conditions de vie du plus grand
nombre alors qu’on nous annonce que les quarante plus grandes
entreprises cotées en bourse voient leurs profits « ré-augmentés ». Le
gouvernement doit cesser de servir le capital et se mettre enfin au
service du monde du travail et des retraités, au nom même des idéaux de
la gauche et du progrès social.
C’est la première fois de son histoire
qu’un recul de l’accès à la retraite serait provoqué au nom de la
gauche. D’autre choix existent. Ils portent sur un enjeu fondamental :
celui d’une autre répartition des richesses.
Le mouvement syndical et social, les
forces progressistes sont prêts à se lever aux côtés du gouvernement
pour récupérer tout de suite les 80 milliards d’euros d’évasion
fiscale ; reconsidérer les 200 milliards d’aides publiques aux
entreprises ; l’égalité salariale homme-femme, ce qui rapporterait 10
milliards d’euros aux comptes sociaux pour créer une contribution
sociale sur les revenus financiers, pour un apport de 20 à 30 milliards
d’euros par an. Voilà de quoi financer une politique sociale nouvelle,
attendue par les salariés, les jeunes, les retraités. L’amélioration des
salaires et la création d’emplois seraient également source de recettes
nouvelles.
Il faut choisir : la finance ou
les retraites. Nous choisissons les retraites pour la justice et
l’efficacité économique. C’est le sens des manifestations unitaires du
10 septembre. Soyons-y nombreux.
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